Moscou signe la fin du Traité interdisant les essais nucléaires
Le président russe Vladimir Poutine a signé, ce jeudi, la loi sur la révocation de la ratification du Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN), sur fond de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentaux.Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été ouvert à la signature en 1996, mais il n'est jamais entré en vigueur car il n'a pas été ratifié - étape nécessaire pour son entrée en vigueur - par un nombre suffisant d'Etats, parmi les 44 pays qui détenaient des installations nucléaires au moment de sa création.
Début octobre, M. Poutine avait annoncé que son pays pourrait révoquer la ratification du TICEN en réponse aux Etats-Unis qui ne l'ont jamais ratifié.
"Je ne suis pas prêt à dire si nous devons ou pas reprendre les essais", avait-il ajouté, tout en vantant le développement de nouveaux missiles surpuissants pouvant transporter des ogives nucléaires.
La promulgation de la loi russe est "très décevante et profondément regrettable", a réagi dans un communiqué Robert Floyd, secrétaire exécutif de l'organisation onusienne chargée du traité (OTICE, CTBTO en anglais).
M. Floyd a cependant relevé que, en dépit de cette décision, la Russie s'était dite "encore attachée" au traité, "y compris au fonctionnement de toutes les stations de surveillance de l'OTICE sur son territoire" qui permettent de détecter en temps réel la plus petite explosion.
Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, le président russe a soufflé le chaud et le froid quant au recours à l'arme nucléaire, déployant durant l'été 2023 des armes nucléaires tactiques au Bélarus, son plus proche allié.
La loi sur la révocation de la ratification du Traité d'interdiction des essais nucléaires avait d'abord été adoptée par la Douma d'Etat, la chambre basse du Parlement russe, avant d'être votée à l'unanimité par la chambre haute fin octobre.
Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, avait qualifié ce vote de "réponse à une attitude odieuse des Etats-Unis envers leurs obligations sur le maintien de la sécurité globale".
Fin octobre, la Russie a également procédé à des tirs d'essai de missiles balistiques visant à préparer ses forces à une "frappe nucléaire massive" de riposte.
La doctrine nucléaire russe prévoit un recours "strictement défensif" à l'arme atomique, en cas d'attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d'agression avec des armes conventionnelles "menaçant l'existence même de l'Etat".
En février, la Russie avait aussi suspendu sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les Etats-Unis en 2010, le dernier accord bilatéral liant Russes et Américains.
AFP